jeudi 24 février 2011

Comme un supervilain

Hier soir, l’amoureux et moi on a vu la première partie du téléfilm Hitler : The Rise of Evil. Il a déjà passé à la télé plusieurs fois, mais je ne l’avais encore jamais vu. L’amoureux, lui, l’avait vu deux fois et beaucoup aimé. Il m’avait, entre autres, vanté les mérites de l’acteur qui incarne Hitler. Je lui ai dit que ce qui me rendait réticente à l’idée de regarder ce téléfilm, c’était le titre. Ça semble banal, mais le titre me donnait une impression très négative sur le film. Au départ, je ne connaissais que le titre de la version française, traduction assez littérale : Hitler : La naissance du mal. Quand j’ai appris celui en anglais, l’impression était pire encore.

Evil.

Wow. C’est fort, comme mot, evil. Evil, ça renvoie à la religion, au démon, au diable (et à Bush qui, dans ses discours, aimait bien utiliser ce mot, parfait pour sa merveilleuse « politique de la peur »). Ça me semblait mal choisi, comme titre.

L’amoureux m’a dit que c’était vraiment bon, alors je me suis laissée convaincre. En fait, je n’ai pas été très difficile à convaincre puisque présentement, on prépare à fond notre voyage en terres allemande et autrichienne, et tout ce qui est relié de près ou de loin à l’Allemagne, l’Autriche, la langue allemande, la cuisine bavaroise, (etc., etc.) ou la Deuxième Guerre Mondiale, j’ai envie de le découvrir. (Il faut d’ailleurs que je me tape les Sissi avant de partir!) Donc bref, disons que l’amoureux ne m’a pas trop forcé la main, mes réticences du début ont pris le bord assez vite…

…pour revenir en trombe dès le début du film. Première image?


Mini-Hitler, qui m’a rappelé tout de suite mini-Voldemort, avec son visage méchant et ses yeux vides. Ça commence mal. Ensuite, séries de flash sur l’enfance de Hitler, enfance racontée en environ 10 minutes, avec en fond une musique digne d’un film d’horreur… Hum. Léger début de sentiment négatif qui, je l’avoue, est resté jusqu’à la fin de cette première partie de Hitler : The Rise of Evil.

Bon, récapitulons. L’amoureux avait raison : l’acteur qui incarne Hitler est fascinant. Particulièrement convaincant pendant les discours du fürher où l’intensité est à son paroxysme. Chapeau! L’histoire du film est aussi très intéressante (même si j’avoue avoir toujours un peu de mal à suivre les histoires très politiques, question de manque de vocabulaire, surtout en anglais). J’ai appris plusieurs choses dans cette première partie, qui retrace notamment les premiers soulèvements d’Hitler dans les années 1920, alors qu’il essayait de créer une révolution à Munich. Très, très intéressant! (D’autant plus, tout à fait subjectivement à cause de notre voyage, qu’on a pu voir (probablement une réplique, mais bon) la Hofbräuhaus, célèbre brasserie à Munich où nous avons tellement, tellement hâte d’aller et qui a également été le lieu des premiers discours de Hitler). Donc, voilà, ça me plaît toujours de voir un film sur Hitler et sur l’histoire de l’Allemagne nazie.

Maintenant… Mes pressentiments relativement au titre et à tout ce qu’il implique étaient malheureusement fondés. On nous montre un Hitler totalement dépourvu d’humanité, du début à la fin de cette première partie. Je l’ai dit, j’ai cru voir Voldemort quand on nous le montre enfant, ce qui n’a rien de positif. D’accord, on ne se le cachera pas, J. K. Rowling s’est inspirée de Hitler pour créer Voldemort (le sang pur, gnagnagna), mais Voldemort reste un supervilain fictionnel et complètement irréaliste. J’adore Harry Potter (qui ici ne le savait pas!?), mais je n’ai jamais trouvé que Voldemort était un personnage intéressant : sans humanité aucune, purement evil à 100%, sans âme, sans ami, sans amour, sans attachement et sans autre ambition que de contrôler le monde. Tout ça fait de lui un supervilain (très ennuyant) réaliste seulement dans un monde inventé où le Bien avec un grand B et le Mal avec un grand M s’opposent sans entre-deux. 

Mais Hitler, ce n’est pas un supervilain de fiction, c’est un être humain qui a existé pour vrai de vrai dans le vrai monde où l’entre-deux, le gris, existe. Dans The Rise of Evil, comme le titre du film l’indique clairement, il est montré comme un supervilain démoniaque. Dès son enfance perturbée. Il crie tout le temps, il est profondément méchant avec la population entière, instable, toujours en colère, impossible à supporter, il se comporte comme un véritable psychopathe sorti d’un film d’horreur (avec, je le répète, la musique en fond qui ne fait qu’empirer la situation).


Une réplique du film m’a d’ailleurs complètement jetée à terre. L’un des opposants à Hitler dit (je cite de mémoire) : « Il n’est pas humain. Il observe les humains et les imite pour avoir l’air humain, mais il ne l’est pas. » Quelle absurdité !!!!! C’était au contraire un être humain, comme vous, comme moi, comme tout le monde, et c’est ça qui le rend effroyable. C’était un être humain, et tous ceux qui l’ont appuyé, tous ceux qui ont torturé les gens dans des camps de concentration, tous ceux qui se sont battus pour Hitler, eux tous étaient humains aussi! En le dépeignant comme un être démoniaque inhumain, on excuse l’humanité d’avoir fait ce qu’elle a fait.

Je ne suis pas historienne, mais je me suis suffisamment intéressée à Hitler et j’ai lu suffisamment de choses sur son compte pour savoir qu’il n’était pas comme on le dépeint dans le film. C’était un être charismatique et manipulateur. Dans le film, d’accord ses discours sont convaincants, d’accord on comprend pourquoi les Allemands se sont sentis révoltés et ont eu besoin de s’allier pour se rebeller après le traité de Versailles.

Mais après?

Hitler n’aurait pas pu faire tout, tout seul. Il a dû manipuler des gens, les séduire pour qu’ils l’appuient. Il n’aurait pas pu se rendre aussi puissant s’il n’avait pas eu un certain charisme, une certaine facilité à charmer les autres et à les convaincre du bien-fondé de ses idées. Dans le film, non seulement cet aspect est complètement absent (jamais on ne le voit sourire ou faire preuve d’une once de compassion pour quelqu’un), mais le même personnage s’étant prononcé sur l’inhumanité de Hitler dit qu’il est bien intéressant pendant ses discours, mais qu’on peut voir sa folie dès qu’on lui parle seul à seul. Si c’était le cas, pensez-vous vraiment qu’il se serait rendu là où il s’est rendu? Si tout le monde lui parlant en le regardant dans les yeux pouvait se rendre compte de sa psychose, jamais il n’aurait influencé dans de gens, jamais la Deuxième Guerre Mondiale se serait déroulée comme elle s’est déroulée. Voyons!

Dernièrement, en plus, la semaine passée je crois, on a regardé Der Untergang (La chute ou Downfall), un film allemand sur les derniers jours de Hitler dans son bunker à Berlin jusqu’à son suicide. C’était donc facile (et irrésistible) de comparer les deux portraits de Hitler. Tout ce qui manque dans The Rise of Evil est présent dans Der Untergang. Dans ce dernier, on nous le montre comme un être humain, un être capable de compassion et de gentillesse, ce qui le rend presque attachant. Il est notamment très gentil et compréhensif avec Eva Braun et avec sa secrétaire, Traudl Jauge (dont le récit a servi de base au film), il a quelques relations amicales, il se montre toujours très doux avec les enfants et il a même beaucoup d’affection pour un chien. Ça semble étrange que je mentionne le chien, peut-être, mais quoi de plus humain que de s’attacher à un animal? Et ce fait va complètement à l’encontre d’une scène dans Rise of Evil : Hitler se met à crier contre un chien et à le frapper parce que la pauvre bête ne veut pas s’asseoir comme il le lui demande.



Lequel des deux portraits est le plus réaliste? Celui de Der Untergang, sans hésitation. En le regardant, je comprenais comment c’était possible qu’autant de gens aient pu le suivre et l’appuyer. Pourtant, son côté complètement psychotique est mis de l’avant également : il faut se rappeler que l’on est dans le récit de ses derniers jours. Et là, on voit que son entourage est surpris et désemparé de le voir sombrer dans la folie, accuser tout le monde de trahison à la moindre occasion, donner des ordres sans aucun sens, etc. Cette fois, c’est crédible, c’est logique, parce que c’est 1945 ; s’il s’était comporté de la sorte en 1920, comme on le voit dans Rise of Evil, tout le monde aurait dit « mais il est fou », et ça aurait fini là.

D’ailleurs, tout ça me fait penser à un superbe roman de Eric-Emmanuel Schmitt, La part de l’autre. Dans ce livre, on nous présente deux histoires parallèles : celle de Hitler, la vraie, celle qui a mené à la Deuxième Guerre Mondiale ; et celle d’Adolf, la fausse, celle qui aurait pu arriver si sa vie avait été différente. Le point de départ de l’histoire est le suivant : Hitler (le vrai) n’a pas été accepté à l’École des Beaux-Arts. Schmitt a tenté de voir comment sa vie aurait pu se passer s’il avait, en fait, été accepté. On suit donc d’un côté le vrai Hitler et la montée du nazisme, de l’autre le fictif Adolf qui étudie à l’École des Beaux-Arts et suit un parcours totalement différent. D’accord, c’est un roman, et personne ne peut prévoir ce qui serait arrivé si, effectivement, Adolf Hitler avait été accepté à l’École des Beaux-Arts. Mais le point fort de ce livre, c’est qu’on nous montre les deux personnages complémentaires comme totalement humains, à un point tel en fait que ça m’a fait peur parce que je me reconnaissais en Hitler (le vrai, pas celui avec l’histoire modifiée). Ça, à mon avis, c’est intéressant, c’est inquiétant, et c’est ce qu’il faut.

Voilà, je pense que j’ai fait le tour de la question. J’ai très hâte de voir la deuxième partie de Rise of Evil ce soir, notamment parce qu’on va faire la connaissance d’Eva Braun, et je suis tout à fait curieuse de voir comment Hitler va la traiter, s’il va faire preuve d’une once humanité ou non. Si non, j’imagine qu’elle sera présentée elle aussi comme 100% evil? On verra…

lundi 21 février 2011

Coup de vieux!

L’autre jour, l’amoureux m’a dit « wow, c’est dans ce temps-là qu’on se rend compte qu’on vieillit… avant, j’adorais les comédies pour ados, et maintenant j’ai hâte de regarder Men of a Certain Age ». Ça m’a fait rire, parce que bon oui c’est drôle, mais surtout parce que c’est juste le dernier élément d’une longue réflexion qui me trotte souvent dans la tête dernièrement : j’ai beaucoup vieilli (et lui aussi, faut croire).

C’est drôle, mais jusqu’à tout récemment, je me considérais encore comme une ado. C’était du moins la vision que j’avais de moi-même, plus ado qu’adulte, peut-être plus enfant même. Si je pensais comme ça, c’est tout simplement parce que je ne m’étais jamais arrêtée pour regarder, analyser, évaluer : la transition entre enfant -> ado -> adulte s’est faite sans que je ne m’en rende compte sur le coup. Et maintenant, ce sont de petits éléments (comme l’envie de regarder Men of a Certain Age pour mon amoureux) qui me font réaliser que je suis « vieille ». Je ne veux pas dire « vieille » dans le sens négatif, parce que le « coup de vieux » dont je parle n’a rien de négatif ; c’est une réalisation qui est arrivée à la fois tout d’un coup, comme badaboum, et à la fois par petits coups, boum boum boum, à force d’accumuler les petits éléments.

Ça a sûrement commencé avec Twilight. En voyant à quel point les ados étaient déchaînées devant le phénomène que je trouvais monumentalement vide et insipide, je me suis questionnée. Bon, ça m’était arrivé de ne pas être en accord avec la majorité de la population, mais cette fois c’était différent parce que j’avais l’impression que Twilight était adressé à des personnes beaucoup plus jeunes que moi, en bref à des ados de 14 ans. Même si je connais des personnes de mon âge (et même des personnes plus vieilles) qui aiment Twilight, je ne peux pas comprendre leur engouement, je peux seulement comprendre celui des ados très jeunes et naïves parce que c’est ce que c’est : une série pour adolescentes. Et je ne me sens plus interpellée, plus du tout. Premier choc, pas trop grand. 


Et puis ça a continué. À l’épicerie, je regardais les couvertures de revues en attendant à la caisse, et j’ai réalisé que sur la majorité des revues adressées aux jeunes potineux, je ne connaissais pas la moitié des visages. Taylor Swift, Justin Bieber et compagnie, je ne sais pas qui ils sont. Je sais seulement que beaucoup d’ados les aiment, et moi ils ne m’intéressent pas. Il y a aussi des séries comme Vampire Diaries, Glee (et beaucoup d’autres, aussi adressées à des ados, et que je ne nommerai pas parce que j’ai peur de nommer des séries déjà terminées depuis longtemps tellement je ne me sens plus dans le mouvement) dont le résumé ne m’attirent pas de prime abord parce que les personnages principaux sont des adolescents. Pourtant, je ne me lasse pas d’une série comme Dawson’s Creek que je suis justement en train de revoir pour la millième fois (je l’avais revue au complet il y a moins d’un an, d’ailleurs), avec l’amoureux cette fois. Et pourquoi? Parce que c’est une série qui date de mon adolescence, qui montre des personnages qui étaient ados à peu près en même temps que moi, qui avaient donc les mêmes questionnements, les mêmes problèmes que moi. Chaque fois que je revois Dawson’s Creek, ça me replonge dans mon adolescence et ça me plaît. Les séries actuelles, avec des ados actuels, me donnent l’impression de traiter du même sujet d’une façon entièrement nouvelle et différente, plus adaptée aux ados d’aujourd’hui. Peut-être que j’aimerais ces séries si je leur donnais une chance, mais elles ne m’attirent pas à première vue parce que, et c’est ce que je suis en train de réaliser tranquillement, je suis d’une autre génération.

 (je n'ai pas pu résister, cette photo est sublime!!!!!)

Et puis tout à coup, dans le rythme de mes réflexions, je suis rappelé d’un texte qu’on avait lu en secondaire 3 dans le cours de français. Je ne me souviens plus du contenu du texte exactement, juste du titre : la génération X. On parlait, dedans, des 25 à 35 ans de l’époque, qui était la génération X, qui n’avait rien à avoir avec notre génération. Et boum, me voilà 10 ans plus tard, et j’ai l’âge qu’avaient à l’époque les membres de cette génération X, maintenant âgés entre 35 et 45 ans. Wow. Coup de vieux!

Et là je me suis remise à penser à qui j’étais à 15 ans, comment j’étais, comment je me sentais, ce que je devenais, et dieu que je me suis sentie soulagée de ne plus être là! 15 ans, l’adolescence, les questionnements, les remises en question, les doutes, les craintes. Ouf. Bien sûr, d’autres craintes, d’autres doutes, d’autres problèmes viennent avec l’âge adulte, mais quand je repense à ce que j’étais il y a dix ans (dix ans… que ça semble long et court tout à la fois!), je me sens sereine, je me sens heureuse, je me sens bien. Et mon coup de vieux, il me fait du bien!