L'amoureux et moi, on a décidé d'aller en Autriche et en Bavière au mois de mai, et on s'est dit que ce serait bien de regarder un film qui se passerait dans l'un de ces endroits. Alors on a cherché, et on a trouvé un film qui s'appelle Before Sunrise (1995) et qui se passe entièrement à Vienne. D'après le résumé, on pensait que ce serait un film très kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc., mais bon comme ça se passait à Vienne, on a décidé de le regarder quand même.
Ce n'était PAS kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc. Et pourtant quand je regarde la bande-annonce et quand je lis le résumé, je continue de trouver que ça semble kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc., preuve que rien de tout ça ne rend justice au film. Bon, alors voilà le résumé : un Américain (Jesse) et une Française (Céline) se rencontrent dans un train entre Budapest et Vienne. Lui retourne aux États-Unis en prenant un avion de Vienne, elle retourne directement à Paris en train. Quand ils arrivent à Vienne, pourtant, Jesse demande à Céline, même si c'est un peu fou, de descendre avec lui. Il doit prendre l'avion seulement le lendemain et il n'a pas d'argent pour un hôtel, alors il passera la nuit à se promener dans la ville : il pense que ce serait beaucoup plus intéressant avec elle! Elle décide de le suivre, et ils passent la soirée/nuit à parcourir Vienne en sachant très bien que c'est sans doute la seule fois qu'ils se voient.
Même quand j'en fais moi-même le résumé, je trouve que ça semble kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc. Mais quand je repense au film, j'en ai encore les larmes aux yeux. Les personnages (joués par Ethan Hawke et Julie Delpy) développent une complicité incroyable en cette seule nuit, partageant beaucoup plus qu'ils ne le feraient en temps normal parce qu'ils sont en voyage, loin de toutes leurs habitudes et leur entourage, et qu'ils n'ont qu'une nuit ensemble. Les dialogues sont absolument sublimes : ils parlent de tout et de rien, lançant des pensées un peu folles, des théories pseudo-philosophiques à propos de tous les sujets (la réincarnation, le féminisme, la vie en général), laissant aller leur conversation là où les idées pêle-mêle les mènent. Tout ce qu'ils font, tout le long du film, c'est se promener et parler, c'est comme une belle tranche de vie entre deux étrangers, un long dialogue entre un homme et une femme qui apprennent doucement à se connaître, une longue conversation-marathon pleine de réflexions et de surprises. La connexion entre les deux personnages est telle et leur interaction tellement simple et naturelle que j'étais pratiquement certaine que les acteurs avaient écrit une partie des dialogues. Et tout le long du film, la limite de temps flotte sur leurs têtes, et en tant que spectateur on se demande comment ça va finir, qu'est-ce qui va se passer, vont-ils se revoir, la fin sera-t-elle kitsch, romantico-cucu, cliché comme le résumé laissait présager le film qui ne l'était finalement pas du tout? Eh bien la fin (que je ne dévoilerai pas, bien sûr) n'est pas décevante du tout et nous laisse avec des espoirs et de belles pensées plein la tête.
Le film m'a profondément touchée et marquée, alors hier quand j'ai en lu un peu plus à propos de lui, je me suis rendu compte avec de la surprise et plein de sentiments mélangés qu'il y avait une suite, Before Sunset (2004). Intriguée, énervée, hystérique, je suis allée lire sur ce deuxième film, avec un peu de méfiance quand même puisque les suites, parfois... Et là je me suis rendu compte que c'était avec les mêmes acteurs, avec le même réalisateur, et que le film avait reçu autant de bonnes et belles critiques que le premier. Pas question d'attendre une journée de plus! On a donc regardé le film hier soir, et j'ai eu les larmes aux yeux et le noeud dans la gorge après cinq minutes et jusqu'à la fin, où j'y tenais plus et j'ai sangloté à souhait. Je n'ai pas tant pleuré parce que c'était triste (oui, c'était touchant, c'était triste, c'était déchirant) mais plutôt parce que c'était beau, c'était juste tellement beau!
Le résumé de ce deuxième film, donc... Je ne peux pas trop en dévoiler, sinon ce serait dire la fin du premier, alors je me contenterai de cela : neuf ans plus tard, Jesse et Céline sont de nouveau réunis à Paris et cette fois, ils ont un après-midi ensemble avant que Jesse ne reparte à New York. Ce court résumé semble toujours aussi kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc. : oui, bon, on recommence le même film dans une ville différente, les suites c'est toujours moins bon, bla bla. NON! Ce deuxième film n'est pas du tout une pâle copie du premier, c'est un excellent film, aussi bon que le premier, voire meilleur encore! Les personnages sont plus vieux, ils sont plus matures aussi, ils ont compris des choses en neuf ans et ils sont tellement heureux de se retrouver. Leurs discussions sont toujours aussi vivantes, pleines d'idées et de pensées intéressantes, et ils se questionnent encore sur la vie, sur leurs choix surtout, et on sent tellement de complicité entre eux, tellement d'émotions aussi. Le contexte a changé en neuf ans, il y a de nouveaux enjeux (la question de l'environnement, entre autres), et Jesse et Céline ont toujours quelque chose à dire, une opinion à lancer, quelque chose à contredire. Cette fois, Ethan Hawke et Julie Delpy ont véritablement co-écrit les dialogues, et ça se sent. C'est encore une belle tranche de vie, un long dialogue entre un homme et une femme, mais cette fois on sent encore plus le poids du temps, celui qui a passé en neuf ans et celui qui est en train de se passer, dans ce bel après-midi à Paris. Et puis encore une fois, on se pose la question : ok, mais comment ça peut finir, cette fois!? Et, encore une fois, la fin ne déçoit pas.
En bref? Il ne faut pas se fier aux résumés ni aux apparences, car ce sont deux films absolument merveilleux, deux des plus beaux (sinon les deux plus beaux) films romantiques que j'ai vus dans ma vie. On fait difficilement moins kitsch, romantico-cucu, cliché, etc., etc.
j'écoute Edge of the Ocean de Ivy
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